L’oeil de l’archi entre Révolution Artistique et Cinéma Féministe

Ce mois-ci, notre radar culturel s'est embrasé pour trois pépites qui secouent les codes établis avec éclat et passion. Le travail de trois femmes : l’exposition envoûtante de Tina Modotti au Jeu de Paume et le film poignant Il reste encore demain, nous invite à questionner un lendemain féministe.

Tina Modotti au Jeu de Paume : L’Œil de la Révolution

Le Jeu de Paume, temple parisien de l'art contemporain, nous offre une plongée fascinante dans l'univers artistique de Tina Modotti. Cette exposition, baptisée "L’Œil de la Révolution", célèbre le travail révolutionnaire de la photographe et militante italienne, Tina Modoti, du début du XXe siècle.


À travers ses clichés, elle capture l'essence même des bouleversements sociaux et politiques de son époque, figeant dans l’histoire les visages et les luttes de ceux qui se dressent contre l'oppression. Les espaces sont agencés dans une ambivalence déconcertante, entre une scénographie minimaliste et des photographies présentant Mexico et ses rues bruyantes, le spectateur oscille le simple cadre muséal du Jeu de Paume et le travail de mémoire de Tina Modotti, où le passé et le présent se rencontrent dans une chorégraphie envoûtante. L’architecte visiteur sera nourrit du travail du contraste et de la matière avec une dimension très cinématographique. Ses oeuvres surtout réalisées en gros plans, invite le spectateur dans un jeu visuel et graphique.


En déambulant dans les différentes salles, le visiteur est invité à un voyage dans le temps, à travers les luttes et les espoirs de toute une époque. Chaque image raconte une histoire, chaque regard révèle une vérité, offrant aux spectateurs une expérience visuelle et émotionnelle inoubliable.

"Il reste encore demain" : La Force du Cinéma Féministe

Dans l'obscurité tamisée des salles de cinéma, Il reste encore demain brille et aborde avec finesse des thématiques nécessaires telles que la violence domestique et l'oppression patriarcale. Sa capacité à jongler entre la dureté du sujet et la beauté de ses plans, passent de l'humour à la gravité avec une fluidité déconcertante et chorégraphiée. Le film apporte un souffle, une énergie qui fait un bien fou. Les scènes de violence, au lieu d'être simplement montrées, sont illustrées par la danse, transformant la douleur en poésie corporelle.


Son travail du noir et blanc et sa mise en scène transcendent les frontières du réel pour nous plonger dans un univers onirique, où le tangible et l'imaginaire se mélangent avec grâce. Le dénuement des décors transforme son image en toiles vivantes se concentrant strictement autour d’un mobilier nécessaire pour mettre en scène une famille profondément modeste. Les prises de vue nous plongent également dans l’architecture du quartier Testaccio, à Rome et dans la promiscuité de ses habitants qui font la liaison entre la ville d’hier et d’aujourd’hui.

« Les cours romaines où tout était mis sur la place. Les gens vivaient ensemble, il n'y avait pas d'intimité, mais c'était beau. » Paola Cortellesi pour The Holywood Reporter

Apolonia, Apolonia : Une Odyssée intime à travers le temps

Film capturant l'essence même de l’émergence d’une artiste à travers une odyssée intime, il est réalisé avec une sensibilité rare par la documentariste Léa Glob. Ce long-métrage plongera chacun de ses spectateurs dans les méandres de la relation entre une personne et un lieu.

Apolonia appartient-elle au Lavoir Moderne ou est-ce l’inverse ? Et quand finalement le détachement s’opère, l’espace disparu continue d’hanter la protagoniste.
Au cœur de cette épopée se trouve une jeune femme, une peintre montante de sa génération dont le chemin de vie la conduit à conquérir des territoires intimes et lointains. La mise en scène immersive, et son aspect documentaire tourné sur treize ans, nous plongent au cœur de chaque étape créative, nous permettant de ressentir pleinement les émotions et les dilemmes de sa protagoniste.


Entre l'objectif de la photographe Tina Modotti et la caméra des réalisatrices Paola Cortellesi et Léa Glob, c’est un voyage visuel, qui accompagnera les spectateurs dans une révolution du regard et pour un éveil des consciences.
Les archis que nous sommes ont été captivées par ces crush du mois d’Avril qui ont su nourrir notre cœur et notre esprit, nous laissant avec l'ardent désir d'explorer davantage les recoins fascinants de la créativité artistique et féministe.

Précédent
Précédent

AVRIL 2024 : VENT FRAIS SUR MESETYS

Suivant
Suivant

La Charge Mentale des Architectes: 95% des architectes ont déjà fait un burnout